Reportage

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Ninas en la calle

J’ai rencontré Sonia à Guatemala City. Elle avait quinze ans et vivait dans la rue depuis son enfance. Elle m’a raconté avoir fui une maison où la violence prenait toute la place : une mère perdue dans l’alcool, un homme qui l’avait agressée, et aucune oreille prête à la croire. Comme des centaines de jeunes filles de la capitale, elle avait choisi la rue pour survivre, malgré les dangers qu’elle y trouvait. Depuis quatre ans, Sonia vivait d’expédients : quelques nuits dans des hôtels délabrés avec d’autres gamines, un repas quand elle en trouvait, parfois la vente de son corps pour quelques tortillas. Chaque fin d’après-midi, elle rejoignait ses amies sous un autopont, un bébé de trois mois dans un bras, un sac de colle dans l’autre pour oublier le froid, la faim et la peur. Son compagnon, lui aussi enfant des rues, était le seul à lui offrir un peu d’affection. Autour d’elle, les filles affrontaient maladies, violences, grossesses précoces, abandons ou avortements clandestins. D’autres, bien plus jeunes, vendaient fruits et billets de loterie dans les marchés, devenant des proies faciles. Beaucoup venaient de villages marqués par la pauvreté et les conflits, et pour les filles indigènes, l’espoir d’une vie meilleure semblait encore plus lointain. Pourtant, toutes, Sonia comprise, portaient les mêmes rêves simples : aller à l’école, être aimées, vivre sans peur. Dans les rues hostiles de Guatemala City, ces enfants continuaient malgré tout d’imaginer une existence différente, une chance, aussi fragile soit-elle, d’échapper au destin qui semblait déjà les écraser.

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