Mémoire d'avenir
À Tanger, de nombreux enfants passent une partie de leur vie dans la rue, livrés à eux-mêmes, ballottés entre survie et recherche d’attention. Entre dangers, solitude et débrouille quotidienne, leur enfance se façonne dans un environnement où rien n’est garanti, où l’école, la sécurité et le jeu deviennent des luxes. L’association Mémoire d’avenir tente d’ouvrir une brèche dans ce destin tout tracé. En leur enseignant les arts du cirque — jonglage, équilibre, acrobatie — elle leur offre bien plus qu’une distraction : un espace où se concentrer, s’exprimer, retrouver une estime de soi fragilisée. Le cirque devient un langage commun, un moyen d’apprivoiser le corps, de canaliser l’énergie, mais aussi de créer un lien de confiance avec les éducateurs et entre les enfants. Les spectacles de rue auxquels ils participent ne sont pas qu’un divertissement. Ils leur permettent d’être vus autrement : comme des artistes, pas comme des enfants des rues. Ils apprennent à être applaudis, à tenir une place, à imaginer un futur différent. Dans ces moments-là, leurs regards changent, et la rue devient une scène où, pour une fois, ils ne subissent plus. À travers ces images, Frédéric Bourcier témoigne de cette énergie fragile mais tenace : celle d’enfants qui, malgré les blessures et les manques, trouvent dans le cirque une manière d’exister autrement. Mémoire d’avenir, c’est une promesse discrète : offrir à ces enfants une possibilité de se réinventer, de retrouver un peu d’enfance, et peut-être un jour, un avenir.

























