Les cavaliers de San Lluis
Les Fêtes de Sant Lluís sont l’une des plus belles expressions de l’âme minorquine. Au cœur de ces célébrations, les chevaux noirs de l’île occupent une place presque sacrée. Ils exécutent le Jaleo, cette danse spectaculaire où ils se dressent sur leurs pattes arrière au milieu de la foule, emportés par les sonorités puissantes de la fanfare. Les participants tentent alors de toucher la poitrine des chevaux cabrés, un geste symbolique devenu l’un des moments les plus attendus et les plus intenses des festivités. À travers cette série, j’ai voulu saisir cette relation singulière entre l’homme et l’animal. Une connexion faite de confiance, de maîtrise et de respect, qui révèle la profondeur de cette tradition. Les cavaliers — les caixers — portent en eux l’histoire des différentes classes sociales de l’île. Ils défilent en habits traditionnels, mènent les processions religieuses, et incarnent ce lien ancien qui unit Minorque à ses chevaux. Mais les fêtes ne se résument pas à leur solennité. Elles sont aussi le théâtre d’une effervescence populaire où la créativité s’exprime librement : défilés de carrosses décorés, rues animées, moments de joie partagée. Cette dualité — entre ferveur religieuse, rite équestre et célébration collective — est au cœur de mon travail. Les cavaliers de Sant Lluís, ce sont des gestes hérités, des regards complices, des chevaux puissants, et toute une communauté rassemblée autour d’un patrimoine vivant. Une fête où chaque instant montre combien cette tradition reste essentielle à l’identité minorquine.

















